Oubliez la logique des palmarès, la course ne se joue pas toujours sur la feuille de temps. Les statistiques ne racontent qu’une partie de l’histoire, et sur la ligne droite du Mistral, tout bascule en une fraction de seconde.
YART Yamaha avait tutoyé la victoire en 2025, dominant la majeure partie de la course avant qu’un incident mécanique ne vienne tout balayer dans la dernière heure. Suzuki, considérée comme une équipe de second plan en début de saison, a surpris son monde grâce à une stratégie de relais audacieuse, mettant fin à une longue attente.
Le règlement technique, récemment modifié, permet désormais des remplacements rapides de pièces majeures. Ce changement bouleverse la frontière entre performance et fiabilité. Des équipes historiques en profitent pour revenir au premier plan, tandis que de nouvelles alliances rebattent les cartes d’une hiérarchie que l’on croyait figée.
Le Bol d’Or 2025 en chiffres et en faits marquants
Paul Ricard, théâtre du Bol d’Or 2025, a offert un scénario à couper le souffle. Les rebondissements se sont enchaînés, les records sont tombés, et le public, fidèle au rendez-vous, s’est trouvé embarqué dans une édition d’une intensité rare. La victoire s’est décidée dans les ultimes heures, preuve d’un niveau de compétition rarement atteint sur le championnat du monde EWC.
Impossible de passer à côté du duel acharné entre Yamaha et BMW. Suspense total jusqu’au drapeau à damier. Si la Yamaha officielle a mené la danse avec 238 tours en tête, c’est bien BMW Motorrad qui a signé la meilleure vitesse moyenne sur la distance, confirmant la montée en régime du constructeur allemand. La Honda CBR du team Yoshimura Sert Motul a, quant à elle, joué la régularité, accrochant le podium malgré une pénalité survenue en début de nuit.
Le verdict ? Moins de deux minutes séparent les deux premiers après 24 heures de course. Une densité extrême. La France, hôte de la grande classique varoise, demeure le centre de gravité de l’endurance mondiale. La réputation du Bol d’Or, forgée au fil des décennies, n’a rien perdu de sa force d’attraction.
Une nouvelle génération de challengers fait aussi son apparition, bien décidés à rebattre les cartes. Quelques statistiques soulignent la performance collective :
- Le trio victorieux a bouclé 14 relais, preuve d’un engagement total.
- Les 11 arrêts au stand se sont déroulés sans accroc, chaque seconde comptant double.
- Pas de neutralisation prolongée : la maîtrise de la course a primé, même sous pression.
Quels enseignements tirer des dernières performances des teams phares ?
Sur la piste provençale, chaque équipe d’endurance est venue avec ses convictions et ses interrogations. Yamaha, au sein du racing team EWC, n’a pas flanché : vitesse, constance, gestion du trafic, tout a été millimétré. Les relais se sont succédé sans fausse note, dévoilant une préparation sans faille. La Yamaha reste la référence sur les longues séquences, un repère que le paddock surveille de près.
Côté BMW Motorrad World Endurance, le changement est net. L’équipe menée par Markus Reiterberger a transformé la frustration de l’année passée en une énergie nouvelle. Les relais de nuit, toujours décisifs au Bol d’Or, ont été le théâtre d’un rythme inédit. Les ingénieurs bavarois ont peaufiné la gestion des pneumatiques, limitant au maximum les passages par les stands.
Chez Honda et le team Yoshimura Sert Motul, l’équilibre est trouvé entre expérience et renouveau. La Honda CBR a confirmé sa fiabilité, malgré une pénalité. Damien Saulnier, le manager, insuffle une cohésion solide, et Dan Linfoot avec ses coéquipiers n’ont jamais cédé sous la pression, maintenant une allure régulière même dans les moments critiques.
Pour 2026, le plateau se resserre et chaque détail compte. L’écart entre les équipes se réduit, laissant moins de place à l’erreur. Hésiter, c’est abandonner des précieuses secondes, que ce soit en piste ou dans les stands. Les favoris avancent groupés, les prétendants ne patientent plus en embuscade.
Suzuki, YART et les outsiders : panorama des forces en présence pour 2026
Pour ce Bol d’Or 2026, Suzuki affiche une confiance renouvelée. Le team Yoshimura Motul, avec Gregg Black et Etienne Masson à la barre, mise sur une base technique éprouvée : fiabilité de la GSX-R et organisation parfaitement huilée. Ce collectif japonais, maître dans l’art de gérer les coups durs d’une course de 24 heures, a bâti sa réputation sur une régularité à toute épreuve. Leur stratégie ? Optimiser chaque passage au stand, prendre le moins de risques possible, et faire valoir l’expérience de ses piliers.
En face, le YART Yamaha reste un modèle de combativité européenne. Pilotes tranchants, équipe technique réactive : la structure autrichienne a multiplié les ajustements ces deux dernières saisons. La chasse à la moindre seconde s’accompagne d’une rigueur exemplaire lors des relais nocturnes, souvent décisifs. Cette Yamaha n’a jamais paru aussi affûtée.
Le plateau 2026 rassemble un peloton d’outsiders plus dense que jamais. Voici les structures qui pourraient créer la surprise :
- Team Moto Ain : fort d’une saison SST aboutie, le groupe vise à tirer son épingle du jeu sur la durée.
- Louit April Moto : une Aprilia RSV préparée avec soin et des pilotes audacieux prêts à forcer le destin.
- Wojcik Racing Team et MRP Tecmas : deux équipes capables de perturber l’ordre établi dès les premières embûches de la course.
La finale du championnat du monde FIM EWC reste une terre d’incertitude. L’endurance, par nature, ne tolère pas les scénarios figés.
Pourquoi le suspense reste entier autour des favoris du Bol d’Or 2026
Au Paul Ricard, la course d’endurance ne révèle jamais tout avant la nuit. Les équipes les mieux préparées peuvent voir leurs plans dérailler en un instant : incident imprévu, météo capricieuse, safety car qui redistribue tout. Même les formations aguerries du championnat du monde FIM EWC savent que mécanique, météo ou tension dans les stands peuvent tout remettre à zéro.
Les bookmakers, Stake, Sportune, Score 90, peinent à s’accorder sur un favori unique. Les cotes fluctuent au gré des essais, du moindre incident technique ou des points acquis sur la saison mondiale. Certains misent sur l’expérience Suzuki Yoshimura Motul, d’autres sur la rapidité du YART Yamaha ou la fougue d’une équipe privée. Rien n’est figé, tout bouge, et le classement reflète à la fois la densité du plateau et l’imprévisibilité du format.
Cette incertitude, rarement atteinte, vient des stratégies multiples et de la progression des outsiders, désormais capables de jouer la victoire grâce à des relais courts ou une gestion maîtrisée des risques. Le Bol d’Or ne rime plus seulement avec vitesse. Les ingénieurs, les responsables des stands, les experts data : tous contribuent à entretenir le suspense. L’endurance d’aujourd’hui navigue entre calcul froid et instinct, et ce mélange n’a jamais offert un spectacle aussi ouvert.
À l’heure des derniers réglages, impossible de deviner qui franchira la ligne en tête, mais une chose est sûre : le Bol d’Or 2026 offrira, une fois encore, son lot de frissons et de surprises.


